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OCC 2019

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© UTMB® Thomas Bekker

Je crois que j'ai fait la course de ma vie ce jeudi à Chamonix. Je suis arrivée bien préparée, avec beaucoup moins de km que prévu dans les jambes, mais que j'ai compensé par de nombreuses heures les fesses posées sur mon vélo. J'ai aussi fait beaucoup de rando course ce qui m'a permis de bien progresser en montée. L'OCC, je l'attendais depuis 3 ans maintenant. Cela a commencé en 2014 avec un DNF proche de la ligne d'arrivée, puis cela a continué en 2016 avec un DNF encore plus loin de l'arrivée que la première fois. Et pourtant toujours cette envie de revenir et de la terminer une fois pour de bon. 3 ans d'attente, car pas de chance au tirage au sort. C'est le jeu. Mais 3 ans qui m'ont permis de me préparer et d'arriver prête le jour J. Je n'ai jamais eu un aussi bon niveau en trail qu'aujourd'hui malgré ma rupture du ligament croisé antérieur. 

Quel plaisir de retrouver Chamonix et l'ambiance de l'UTMB, de pouvoir aller chercher mon dossard le mercredi soir, balader sur le salon et prendre la direction de la Suisse avec les copains. 56km et 3500mD+ m'attendent le lendemain matin, autant vous dire que je suis super excitée d'être là, mais bien stressée. Je connais le parcours comme ma poche maintenant, j'ai les barrières horaires en tête ainsi que le dénivelé et le nombre de ravitaillement. Les affaires sont prêtes, il ne me reste plus qu'à passer une bonne nuit de sommeil.


Orsières - Champex Lac 

Nous sommes près de 1500 coureurs à prendre le départ de cette OCC 2019 sous un grand soleil à Orsières en Suisse. Le départ est donné à 8h15 et je me cale directement sur un bon rythme de croisière, emportée par la foule qui s'élance dans les petites rues de ce village. Comme à chacune de mes participations, c'est la folie à Orsières : le public répond présent et les enfants du village sont là pour nous encourager. Ambiance de folie qui met la patate dès le départ. Je me sens bien pour le moment et j'attaque la première montée sur un bon rythme. Sauf que la c'est la descente aux enfers en deux temps trois mouvement : zéro jus, les frissons qui apparaissent, des petits points noirs devant les yeux, la tête qui chauffe. Je vais pas taper le malaise à 2km du départ ?! Quand même, cela serait le gag. Je ne comprends pas ce qui se passe, j'ai pourtant bien mangé ce matin et la semaine précédant la course. Je décide quand même de continuer même si un mollusque possède plus de force que moi. Surtout que la première portion fait moins de 300mD+ et qu'une bonne section descendante nous attend ensuite avant de remonter jusqu'à Champex. Je tente de relancer tant bien que mal dans cette descente même si j'ai aucun jus. Je me retrouve ensuite dans un mur bien raide, mais je suis loin d'être la seule. Ca bouchonne après 5km de course et il faudra prendre son mal en patience pour rejoindre le premier point de contrôle de la course. Cela permet de prendre cette première montée tranquille et de ne pas se griller. J'arrive donc au premier ravitaillement qui est celui de Champex-Lac au bout d'1h56 de course pour 9km et 800mD+. Je retrouve les copains, je leur annonce que la journée va être compliquée et on me conseille de manger. Je n'ai pas faim mais j'écoute ces précieux conseils et je mange un peu, beaucoup même histoire de reprendre du poil de la bête.


Champex Lac - Trient

La section après Champex-Lac permet de dérouler les jambes car on longe un moment le lac avant de descendre jusqu'au plan de l'eau. Aucune technicité, c'est un chemin large sur lequel peuvent passer les voitures. Si mes plans sont bons, il y a une fontaine au plan de l'eau, je n'ai donc pas rempli ma 3eme flasque à Champex. Et effectivement la fontaine est bien là, je plonge ma tête dessous, je remplis mes gourdes et ça repart. Il commence à faire vraiment chaud et la montée jusqu'à la Giète est en plein soleil. Je sors mes écouteurs et c'est parti pour 900mD+. Nous sommes un petit groupe à monter au même rythme et je me cale sur les gens devant moi tout en poussant au maximum sur les bâtons. La pêche revient et je commence à me sentir bien mieux que tout à l'heure. J'essaie de faire le moins de pauses possibles, je reste hyper régulière dans cette montée ce qui me permet de doubler pas mal de monde. Certaines personnes sont en pleine explosion à cause de la chaleur, une coureuse se met à vomir juste devant moi et s'allonge par terre. Le coup de chaud de trop. J'ai moi aussi l'impression d'être dans une fournaise. J'ai hyper chaud et je suis en train de choper des coups de soleil. Heureusement nous traversons pas mal de ruisseau pendant cette montée, hop un peu d'eau sur la tête ce qui permet de rester un peu au frais.

© Ultra-Trail du Mont-Blanc® - Pascal Tournaire

Le sommet de Bovine arrive rapidement et la responsable du refuge nous offre un peu d'eau au tuyau ce qui me permet de perdre 10 degrés d'un coup. Un dernier petit tape cul avant d'attaquer la descente sur Trient, une descente assez facile même si elle attaque les cuisses avec son dénivelé négatif. Passage en courant au col de la Forclaz puis on aperçoit rapidement l'église rose de Trient. J'arrive au ravitaillement au bout de 5h20 de course pour 27,5km et 1750mD+ et avec presque 1h d'avance sur la barrière horaire. J'ai le temps, je commence à me détendre et saute sur le premier ravito solide de la course. Tout y passe : charcuterie, fromage, cookies, coca, tuc, gâteau, banane... Je fais le plein d'énergie et je remplis aussi mon sac, étant moi-même presque à sec niveau bouffe. 5 minutes de pause et je repars du ravitaillement, prête à affronter le mur de Catogne.



Trient - Vallorcine 

Clairement, j'étais loin de faire la maligne au pied de cette montée car elle m'a traumatisé. J'étais vraiment dans le dur en 2014 et 2016 et je la redoutais particulièrement cette année surtout avec mon état de mollusque. Je l'attaque donc de manière très tranquille en me calant sur une dame avant de me rendre compte que les jambes suivent bien et que je suis vraiment en meilleure forme par rapport à tout à l'heure. J'accélère donc un peu le rythme et je commence à doubler. Ma seule pause sera au bout de 400mD+, j'avale une compote, je mange un petit truc et cela repart pour la seconde partie. La montée passera relativement bien au final, nous sommes en grande partie à l'ombre dans les sous-bois ce qui la rend moins difficile que celle de Bovine, même si plus raide. J'arrive au sommet et la vue qui nous est offerte est juste magnifique avec le barrage d'Emosson au loin et la vallée Suisse derrière nous. Il est temps d'attaquer la descente vers Vallorcine, une descente peu technique mais dans laquelle je vais laisser mes quadris. Je vais surtout me faire doubler par quelques personnes dans cette descente, étant vachement sur la réserve à cause de mon genou qui commence à fatiguer. Vallorcine arrive au bout de 8h15 de course pour 36km et 2600mD+ avec toujours 1h d'avance sur la barrière horaire. Ca sent bon l'arrivée dans Chamonix et je prends le temps de me poser à ce ravito. Enfin je repars au bout de 5 minutes quoi, donc petite pause rapide si on peut dire.


Vallorcine - La Flégère 

La première chose que je fais en sortant du ravito de Vallorcine est de mettre la musique à fond dans mes oreilles et de poser le cerveau. Autrement dit : j'arrête de penser et je marche. Je me cale d'ailleurs sur un bon rythme et double pas mal de monde dans ce col des Montets. 300mD+ que je ne vois même pas passer tellement je suis ailleurs. Arrivée au col des Montets, je relance et rattrape une Suisse avec qui j'ai fait une bonne partie de la route. L'occasion d'échanger quelques mots sur nos vies respectives et sur la fin du parcours. Elle m'explique que nous avons une petite montée avant d'atteindre le ravitaillement d'Argentières. Je la lâche dans cette montée et on se retrouvera au ravitaillement car je vais y faire une pause pour passer en mode nuit même si j'ai encore le temps. Bye bye la casquette et bonjour le buff. Je n'ai pas très chaud et j'hésite à me couvrir le haut du corps mais tout compte fait je vais transpirer dans la montée. Un dernier tuc au passage et c'est parti pour la dernière montée de la course jusqu'à la Flégère, puis direction Chamonix.
La montée se passera tranquillement, sur un bon rythme de croisière avec peu de pauses. Depuis Argentières, le début est plus raide pendant une bonne demi-heure puis il y a a nouveau quelques sections de plat qui permettent de relancer avant le mur final jusqu'au ravitaillement. Cette section de course que je connais trop bien pour l'avoir fait 3 fois sur le cross du Mont Blanc et deux fois sur l'OCC. Le soleil commence à se coucher et nous offre un magnifique spectacle sur le Mont Blanc bien dégagé. C'est dans ce genre de moment que je me dis que j'ai vraiment la chance de pouvoir participer à ce genre d'événement et j'en prends plein les yeux. Cela permet de faire passer la montée un peu plus vite.
Je pousse comme une malade sur mes bâtons dans l'ascension finale et j'atteins le ravitaillement de la Flégère au bout de 11h36 de course pour 50km et 3500mD+. Il ne reste plus que la descente sur Chamonix et j'ai les yeux qui commencent à piquer. Vive l'émotion.

La Flégère - Chamonix 

Je me pose au ravitaillement car j'ai trop mal à mes quadris et je redoute cette longue descente jusqu'à Chamonix, surtout quand on voit le mur à la sortie du ravitaillement. Je me pose pendant quelques minutes du ravito, j'en profite pour sortir la frontale car même s'il fait encore bien jour je vais terminer de nuit et je repars après avoir répondu aux SMS des copains. Je commence à me refroidir donc autant ne pas traîner. En route pour Chamonix !
Le premier mur je le marche en mode horloge, car il est beaucoup trop raide pour le courir, chaque pas est une douleur qui irradie dans mes quadris. Dès que le chemin redevient moins pentu, je me remets à courir et on tournera rapidement à gauche pour quitter la piste de ski et s'enfoncer dans la foret. Même si la première partie de la descente est un poil technique de part quelques racines et des cailloux, j'ai tenté de trottiner, mais je me suis rapidement mise à alterner marche/course, ayant beaucoup trop mal aux cuisses. Je vois les limites de mon entraînement 60% vélo - 40% trail (dont une bonne partie réalisée en randonnée/rando course). Mais c'était le seul moyen de préparer la course tout en conservant un genou à peu près potable.

Chamonix se rapproche et à chaque virage dans la foret on peut apercevoir les lumières en contrebas. Il est temps d'allumer la frontale. Je vais faire une bonne partie de la descente seule, il reste peu de personnes derrière moi, du moins les écarts se font plus larges. Cela commence à être l'extase dans ma tête surtout quand je passe le chalet de la Floriaz, synonyme d'arrivée imminente. Je me fais doubler juste après par deux types en forme olympique, affutés comme jamais, tout en Salomon et qui m'encouragent. Un petit coucou à leur dossard pour me rendre compte que c'est juste le second binôme de la PTL qui vient de me doubler (avec plus de 300 bornes dans les jambes pour eux). Ils sont inspirants.
La pente se fait de plus en plus douce et je peux à nouveau dérouler jusqu'à l'arrivée. Je rattrape le goudron, un bénévole m'indique sur la gauche, CA Y EST je suis enfin dans Chamonix. Bon la passerelle à traverser au km 55 pour éviter la route était clairement de trop pour mes cuisses, mais cela fait du bien de retrouver la civilisation. Il y a encore du monde dans Chamonix malgré l'heure et tous le monde m'encourage et me félicite. J'arrive tant bien que mal à murmurer des petits mercis malgré les larmes qui coulent. Je l'attends depuis tellement longtemps cette arrivée, depuis 2014.



Chamonix 

On croise un bénévole à 500 mètres de l'arrivée qui nous dit « profitez, c'est votre moment, Chamonix est rempli de monde » et il n'avait pas tort. Je n'ai jamais vu une ambiance pareil à l'arrivée d'une course, j'en ai encore des frissons rien que d'y penser. Tous le monde applaudit, félicite, crie les noms des coureurs. Je pense à beaucoup de choses pendant à cette arrivée, comme à chaque arrivée de course. Je pense à toutes les personnes qui font partie de mon quotidien et qui m'encouragent dans ces aventures. Je pense à ces deux premiers échecs où j'avais terminé en pleurs, car triste de ne pas être allée jusqu'au bout. Je pense à ma famille et à ces moments difficiles que nous avons vécu ces derniers mois. Et finalement je pense à toi. Parce que tu es partie bien trop tôt, parce que j'avais besoin de toi encore longtemps, que tu étais mon guide dans la vie et que maintenant je dois vivre sans toi. Je sais que tu m'as accompagné toute la journée et que tu étais derrière moi. J'aurai aimé que tu sois présente comme tu l'étais il y a trois ans. J'aurais aimé que tu m'envois des messages comme sur la Saintélyon. J'aurai aimé pouvoir t'appeler juste après avoir passé la ligne d'arrivée pour te dire à quel point j'étais heureuse. C'est en pensant à toi que j'ai passé cette mythique ligne d'arrivée place du triangle de l'amitié. Et cette arrivée, je ne suis pas prête de l'oublier.

JE SUIS FINISHER DE L'OCC 2019, EN 13h10 POUR 56KM ET 3500MD+


Merci l'UTMB de m'avoir fait vibrer ! Je pense que cela restera à date mon meilleur souvenir de course, même si la liste ne fait que s'allonger. J'ai réalisé aujourd'hui une petite partie de mon rêve en passant cette ligne d'arrivée. L'OCC est la course qui m'a lancé sur les plus longues distances, la course qui m'a fait aimer la montagne et je suis contente de pouvoir enfin dire que je l'ai terminé. J'ai maintenant envie de me lancer sur un format un peu plus long, maintenant que je sais qu'en habitant sur Annecy et en m'entraînant dur, je peux avoir le niveau pour terminer.
Cerise sur le gâteau : je termine avec 1h20 d'avance sur la barrière horaire (arrêtée en 2016 20 minutes hors barrières à Vallorcine...).
Ps : Merci les copains pour le suivi sur place et l'accompagnement.

Qu'est-ce qui se profile à l'horizon ? Rien de prévu jusqu'à juin 2020 et pour cause, je me fais opérer fin octobre d'une rupture du ligament croisé antérieur que je traîne depuis 1 an et demi maintenant. Il est temps d'aller soigner ce genou pour revenir plus en forme, retrouver mon niveau d'aujourd'hui et aller gravir de nouveaux sommets.

A très bientôt ! 


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